
Le Figaro m'a interviewé sur le thème de la révolte des robots, si souvent mis en scène dans le cinéma....
Quelques extraits :
Daniel Ichbiah, auteur de Robots. Genèse d'un peuple artificiel revient sur la passion du cinéma pour les robots, et sur ceux qui se sont rebellés.
LE FIGARO. - Pourquoi les robots au cinéma fascinent-ils autant le public?
DANIEL ICHBIAH. - Tout ce qui a forme humaine, mais n'est pas humain tout en le simulant nous fascine. Car cela nous renvoie au mythe du Créateur, celui qui donne naissance à la vie. Dans le cas du robot, ce qui est frappant, c'est qu'il s'agit d'une machine, mais que nous sommes enclin à lui accorder une existence réelle, du fait de sa forme humaine. Je m'en suis moi-même rendu compte lorsque j'étais face à des androïdes dans des laboratoires ou à l'occasion d'expositions. La tendance immédiate, c'est de leur parler comme on parlerait à un enfant ou à une connaissance. Le fait qu'ils réagissent ou non à nos paroles augmente notre fascination. Ce ne sont pourtant que des machines. Il est étonnant de voir le caractère «infantile» de certains scénarios dès lors qu'on prend un peu de recul. Par exemple les scénarios de type L'homme bicentenaire d'Isaac Asimov, mettant en scène un robot qui veut devenir un homme sont peut-être touchants, mais ils contribuent à induire dans le grand public de fausses notions.
Pourquoi certains réalisateurs ont-ils traité ce mythe de l'«esclave affranchi»?
Il est inscrit dans la genèse même du mot robot qui veut dire esclave ou «serf» en tchèque et on le retrouve dans la toute première pièce où apparaît un robot (R.U.R. en 1919). Karel Capek, auteur de la pièce, fait passer le message qu'au fond, bien des industriels rêveraient d'un prolétariat corvéable à merci et qui ne viendrait même pas se plaindre puisque ce sont des machines. Pourtant, la libération des esclaves est un thème ultra fort et déjà dans R.U.R. les robots s'affranchissent de l'Homme.
Pourquoi les robots «rebelles» comme le Chappie de Neill Blomkamp, sont-ils plus représentés au cinéma que leurs compatriotes obéissants comme C-3PO?
Pour qu'il y ait une fiction, il faut bien une controverse. Or, le mythe le plus ancien qui soit lié à la machine, et ce bien avant le robot, c'est que cette machine en viendrait tôt ou tard, on ignore comment, à acquérir une conscience d'elle-même - une thèse contestée par plusieurs grands roboticiens comme absurde en soi - et cette machine en vient alors à déduire qu'il n'existe pas de meilleure solution pour elle-même ou pour la planète que de combattre l'Homme voire à vouloir s'en débarrasser! Le fait que, pour la première fois, une machine est dotée d'une apparence humaine, autorise des milliers de fantasmes scénaristiques mais ils tournent tous autour de cette hypothèse qui franchement ne tient pas debout: le robot acquiert une conscience de lui-même.
L'interview complète se trouve ici :
http://www.lefigaro.fr/cinema/2015/03/12/03002-20150312ARTFIG00243--chappie-les-robots-rebelles-du-cinema.php