Dans l'émission L'invité des matins d'été, France Culture m'a demandé d'intervenir sur la position de Microsoft vis-à-vis du logiciel libre et pourquoi, dès 1975, Bill Gates a choisi de gérer son logiciel comme une propriété, une propriété intellectuelle qu'il entendait commercialiser.
Voici le podcast :
Mon intervention se situe à partir de la 8ème minute et aussi à 15 minutes 30.
Je suis intervenu en tant qu'auteur de la biographie de Bill Gates, l'un des mes plus grands best-sellers.
France Inter m'a longuement interviewé sur la vie de Steve Jobs dans l'émission de Si l'Amérique m'était contée. C'est Xavier Mauduit qui mène l'entretien. Nous revenons sur la jeunesse de Steve, ses déceptions lors du voyage en Inde, son retour aux USA où il crée Apple, sa disgrâce et son retour triomphal.
Les anecdotes citées lors de l'émission sont tirées de ce livre que j'ai écrit sur Steve Jobs et qui s'est classé n°1 des ventes à la fin août 2011. Le podcast de l'interview est également présent sur cette page.
A gauche se trouve la couverture originelle tandis qu'à droite se trouve la version réalisée par le très doué David Gliere.
Atlantico m'a demandé d'intervenir à propos des 10 premiers mois de présence de Netflix sur le sol français. Voici quelques extraits de l'interview :
Atlantico : Lancé en France le 15 septembre 2014, Netflix est une filiale américaine de VOD (Vidéo à la demande) qui propose un catalogue d'environ 2 500 titres. Une dizaine de mois après son installation en France, Netflix a-t-il su convaincre ? Quels sont ses premiers concurrents et comment résistent-ils face au géant américain ?
Daniel Ichbiah : Globalement, Netflix ne s'en sort pas trop mal. C'est loin d'être resplendissant, puisqu'on dénombre entre 200 000 et 250 000 abonnés, mais il est important de se rappeler dans quelles conditions il a intégré le marché français. Ce n'est donc pas resplendissant, mais c'est loin d'être un tableau complètement noir. En 10 mois d'opération, c'est presque honorable. En face, on compte plusieurs offres : celle de Canal +, celle de Numéricable, celle d'Orange...
Toutes ces offres n'étaient pas nécessairement les plus intéressantes, au demeurant, mais l'arrivée de Netflix a permis de dynamiser le marché : chaque opérateur a tâché de se démarquer à grand renfort de nouveaux services et de baisse de prix. Chez Canal Play, le service de VOD de Canal + et le principal concurrent de Netflix, on compte deux fois plus d'abonnés (environ 500 000, donc). Seulement, Canal Play existe depuis 2011 et est représentatif de ce que Netflix devait affronter à son arrivée : un marché déjà établi, déjà installé. Par conséquent, il est logique que celui-ci soit distancé, bien que la situation du géant américain puisse évoquer celle d'Amazon aux débuts du lancement de sa tablette. Dans la mesure ou l'iPad était déjà bien établi, il a été très compliqué de faire comprendre aux gens qu'il existait d'autres types de tablettes (prévues pour d'autres usages, en l'occurence la lecture d'e-book). Cependant, après trois années, Amazon a pris la tête du marché, détrônant Apple. Le parallèle est parlant : il est un peu tôt pour dire si Netflix parviendra (ou ne parviendra pas) à apprivoiser le marché. En France, Netflix se retrouve face à de gros acteurs, Orange et Canal +, qui n'ont pas le moindre intérêt à vendre le service de Netflix puisqu'ils proposent quelque chose de comparable. Orange dispose d'une offre fournie via OCS tandis que Canal + peut se targuer d'être un producteur de cinéma français. Ces deux concurrents sont des forces avec lesquelles Netflix doit compter et qui rendent son positionnement difficile, mais ça n'est pas nécessairement un mal : comme la fnac le fait avec Amazon, la présence d'Orange et de Canal + sur ce marché empêche un monopole de Netflix comme on peut le constater aux États-Unis. C'est une façon de préserver l'équilibre.
Netflix peine à s'installer en France, en dépit d'un puissant battage médiatique, de séries exclusives et de son poids dans le monde. Comment expliquer ces difficultés ? S'agit-il d'une espèce de combat façon David et Goliath ?
Netflix ne dispose pas d'un catalogue particulièrement fourni. Des séries comme Games of Thrones ou House of Cards (la série phare produite par Netflix) ne sont pas disponibles, puisqu'elles appartiennent en exclusivité à Canal + et Orange Ciné Séries. Ce ne sont pas les seules, mais elles sont représentatives... Le marché étant déjà établi, une bonne part des distributeurs des séries déjà diffusées en France ont signé des contrats avec les chaînes. C'est là que Netflix pêche le plus : la qualité de son catalogue laisse à désirer et les séries qu'il propose ne séduisent pas nécessairement. En outre, Netflix a fait l'erreur de s'installer d'abord au Luxembourg, de façon à pouvoir contourner l'exception culturelle française (qui correspond au financement du cinéma français par les films étrangers). Cette attitude, propre à beaucoup de géants d'outre-atlantique, peut gêner. Arriver à l'américaine, à la manière de Google, Apple ou Amazon, a valu à Netflix une réponse hostile. Pour pouvoir prendre dans un pays, il est important d'adapter son approche et ne pas venir en conquérant : la culture américaine n'est pas une culture mondiale.
Atlantico m'a interviewé en tant qu'auteur du livre Robots, genese d'un peuple artificiel, à propos du défi lancé par la start-up américaine Megabot à la société japonaise Suidobashi, dans le cadre d'un futur combat de robots.
Quelques extraits :
Atlantico : Récemment, la société américaine Megabot spécialisée dans la conception de robots géants a lancé un défi à son homologue japonais Japan's Suidobashi Heavy Industry. La firme américaine a proposé un duel entre les deux robots emblématiques. Sur quel robot faut-il parier ? Pourquoi ?
Daniel Ichbiah : Les combats de robots, c'est quelque chose de relativement ancien aux États-Unis : les premières compétitions datent de la fin 1980 et début 1990. En 1994, la première émission de combat de robots est mis sur pied : il s'agit de Robot Wars, organisée par Marc Thorpe à San Francisco (Californie). Dans cette émission, on a souvent assisté à des scènes qui pourraient rappeler David et Goliath. Les gros robots sont loin d'être toujours les gagnants.
Créer un mastodonte ou un tank n'est pas nécessairement la bonne stratégie quand on sait qu'un des aspect primordiaux de ce genre de compétitions, c'est l'intelligence artificielle. Le rêve d'un robot immense et colossal, c'est un fantasme américain. Dans les faits, les véritables robots de combats ressemblent plus à des drones aujourd'hui. Un petit robot ultra-léger capable de voler pourrait tout à fait fatiguer un robot plus imposant. D'autant plus que les robots ont des points névralgiques, qu'il suffit d'endommager pour le mettre hors-circuit. Une machine montée sur roues ne peut pas se déplacer si celles-ci sont malmenées. Concevoir un robot capable d'identifier ce genre d'aspects donnerait l'avantage à la firme japonaise. Bien entendu, le robot japonais (qu'on a toujours pas vu) doit disposer d'une force minimale, sans quoi il se ferait rouler dessus, mais il est important de pouvoir jouer sur d'autres aspects comme la vélocité que pourrait apporter une petite taille. Cela étant, le défi étant lancé par une petite startup américaine, il est possible que d'ici à la conception du robot de Suidobashi, celle-ci n'existe plus. Dans tous les cas, créer un terminator n'est pas la solution.
Au Japon, l'imaginaire autour du robot géant est très développé. Cela pourrait-il influer le résultat du duel ? Dans quelle mesure cela a-t-il contribué à l'avancée en robotique du Japon ?
À la suite de la Seconde Guerre Mondiale, le Japon a connu une situation particulièrement humiliante. Occupé par les États-Unis de 1945 à 1952, le pays a notamment du faire face au licenciement de tous les grands directeurs d'entreprises qui avaient participé à l'effort de guerre. Dans un pays de culture impériale ou l'obéissance est une valeur essentielle, un acte pareil est fort de symbole. Pendant ces sept ans d'occupation, le Japon s'est évadé dans un univers virtuel : c'est à partir de là que s'est développée une culture vidéoludique avec des emblèmes comme Astroboy, Godzilla ou Goldorak. Mais pendant que le Japon cherchait un exutoire dans l'imaginaire, les pays d'Europe et les Etats-Unis connaissaient une pleine excroissance qui les a ancrés dans le réel. Peu à peu le robot est entré dans la culture japonaise, ce qui a permis d'en inonder le marché beaucoup plus facilement. Pour une majorité de la population (mondiale, cette fois), un robot c'est une machine humanoïde. Or, les robots japonais sont ceux qui s'en approchent le plus. Capable, pour parties, de reproduire des comportements humains, à même de marcher sur deux jambes (ce qui n'est pas le cas des robots américains et qui est particulièrement compliqué à réaliser), les robots japonais, du fait de leur ancrage dans la culture, ont fait l'objet de nombreux travaux. En termes de ressemblance humaine et de locomotion mécanique, les japonais sont de loin les meilleurs. Le premier robot humanoïde capable de marcher voit le jour en 1993. Il s'agit du P1 d'Honda. En 1996, le P2 est capable de descendre et de monter des escaliers. Honda indiquait avoir dépensé 100 millions de $ sur ce projet : simuler la marche humaine est quelque chose de très compliqué et les japonais ont près de 18 ans d'avance sur ce point. Un retard pareil ne se rattrape pas. Cependant, à l'inverse des États-Unis, le Japon a tendance à se spécialiser sur la réalisation de robots visant à aider et rassurer les personnes dans le besoin ; pas dans les robots de combats.