Atlantico m'a interviewé sur le nouvel album de Madonna
mardi 18 juin 2019
Je ne sais pas pour vous, mais personnellement je suis grand fan du nouvel album de Madonna. En tant qu'auteur de trois livres sur la chanteuse de tous les records, Atlantico m'a demandé mon opinion sur les récentes évolutions de la star. Quelques extraits ici :
Madonna a-t-elle déjà, par le passé, enclenché ou révélé des bouleversements sociaux concernant l'image des femmes ?
Daniel Ichbiah : Madonna par définition, c'est celle qui a bouleversé, qui a complètement révolutionné la vision des femmes dans la société. On avait eu les années 70 avec l'image de la femme féministe qui veut, en quelques sortes, prendre sa revanche sur l'homme. Madonna c'est celle qui dit : je fais ce que je veux, je n'attends rien des hommes, ce qui est très différent de cette image après laquelle elle est passée. Depuis le début, elle a cherché à être elle-même et à ne pas dépendre de qui que ce soit, entre autres des hommes.
Le titre le plus emblématique de cette nouvelle image qu'elle amène alors, c'est probablement le titre "Papa Don't Preach" sorti en 1986. Il prend le contrepied des années 70 en disant : "je vais avoir un enfant Papa". Et le père n'est pas en faveur de le garder. Mais la chanson dit : "Papa, ne me prêche pas, je vais le garder." C'est complètement à contre-courant de ce qui pouvait se passer avant. Et Madonna affirme par-là : je suis Madonna, je fais ce que je veux.
Ce que je comprends dans ce geste de Madonna, c'est que quand la journaliste du New York Times essaie de relativiser ce qu'elle fait en la catégorisant, Madonna réaffirme qu'on ne peut la classer, que son âge n'a pas d'importance.
Madonna fait-elle figure de pionnière du combat contre les normes des comportements imposés aux femmes en faisant cela ou fait-elle du jeunisme selon vous ?
Daniel Ichbiah : A tout moment, elle a révolutionné l'image de la femme. Donc là, encore une fois, elle est en train de révolutionner l'image de la femme âgée en étant glamour, en étant belle, complètement dans l'ère du temps. Ce qui est quand même très fort, c'est que dans les années 2000, elle a eu deux grandes concurrentes : Britney Spears, et Lady Gaga, et puis d'autres, comme Katy Perry; et elle les a toutes dépassées. D'une certaine manière en disant que l'âge n'a pas d'importance, elle affirme aussi face à ces concurrentes : moi, Madonna, je reste la reine.
On voit beaucoup de stars de la pop culture,qui, l'âge venant, sortent des albums qui sont liés à leur âge : on peut penser à Léonard Cohen et son dernier album. Avec cette déclaration, il y a quelque chose de totalement différent chez Madonna : elle semble négliger le temps et ses conséquences. Comment l'interprétez-vous ?
Au début des années 2000, lorsqu'elle s'est mise en concurrence avec Lady Gaga et Britney Spears, j'étais un peu gênée, parce qu'elle se montrait comme ouvertement jeune et cherchait à concurrencer des filles qui avaient une vraie jeunesse. Mais elle les a éclipsées. Elle a choisi de faire éternellement jeune. C'est aussi ce que fait Mick Jagger : ils refusent la vieillesse. C'est une tendance de ces artistes.
Je ne vois pas là-dedans une forme de jeunisme, mais je crois qu'ils assument le prix à payer pour continuer d'être une légende. Quand on a été une star, cela doit être difficile de ne plus être au top. Le prix à payer est énorme. Leur jeu, c'est d'être une légende jusqu'au bout.
Que pensez-vous du clip et de la chanson Medellin ? On voit notamment Madonna en mariée avec un homme plus jeune qu'elle dans ce clip, le chanteur hispanique Maluma. Qu'est-ce que ce morceau dit de la star et de son évolution ?
Madonna s'est vraiment donné les moyens de faire un clip. Elle a innové au niveau du son, d'avoir des ambiances assez douces et des rythmes plus abrupts. C'est une vraie réussite et c'est un petit peu ce qui nous a manqué dans ses deux précédents albums.
Madonna, quelles que soient les épreuves reste Madonna. Elle est hors du temps, elle est un personnage. Beaucoup de jeunes seraient honoré d'être avec elle dans un clip parce qu'elle est une légende, un peu comme Mick Jagger. Ce qui est bien dans la musique, c'est que l'on transcende tous ces concepts. La musique est de l'art et l'art n'est pas lié à toutes ces contraintes matérielles. L'art est libre.
L'album est extrêmement inventif. On sent qu'elle s'est donné les moyens pour redevenir la reine de la pop car le précédent album avait tout de même déçu beaucoup de monde. Elle rentrait dans un moule très proche de ce que l'on entend ailleurs et là elle marque sa différence avec un côté hispanisant et un "son". Pour beaucoup de fans, on retrouve la Madonna qui nous avait manqué depuis 2012.
L'article intégral se trouve ici :
https://www.atlantico.fr/decryptage/3574543/madonna-daniel-ichbiah