
Dans cette interview réalisée pour Futura Sciences, Pierre Lefèvre, pionnier de la voiture autonome nous révèle quelques "scoops" d'un futur assez proche.
Quelques extraits :
Quelles infrastructures seraient nécessaires dans les villes pour obtenir des véhicules autonomes totalement sûrs ?
Les systèmes actuels utilisent des caméras pour repérer les feux de circulation. Mais, par exemple, dans Paris, il arrive que la caméra ne voit pas le feu rouge pour diverses raisons -- il y a un camion devant, etc. Or, un véhicule autonome ne peut pas se permettre d'ignorer un feu rouge. Donc, pour des raisons de sécurité, il est nécessaire d'établir une connexion avec les feux, soit en utilisant le DSRC, soit en 5G.
Le DSRC est la norme de connectivité qu'ont établi les constructeurs automobiles il y a un peu plus d'une dizaine d'années -- aux USA, la plupart des feux rouges ont du DSRC et peuvent donc communiquer leur état. Nous avons aussi des cartes qui nous disent qu'il y a un feu à tel emplacement. Si on ne le voit pas, ou s'il n'y a pas de connexion avec l'infrastructure, on ne roule pas. À terme, l'industrie de l'automobile sera obligée de passer par la 5G.
Le passage à la 5G est-il inévitable pour les véhicules autonomes et quel est son intérêt ?
Il existe des technologies que l'on dit « disruptive » et qui engendrent un changement de paradigme. Par exemple, lorsque l'on voit des photos de New York, en 1902, il y a des chevaux partout et les scientifiques d'alors expliquent que, ce n'est parce que les voitures existent que les chevaux vont disparaître. Puis, on regarde une photographie de New York onze ans après et il n'y a plus un seul cheval. Il a suffi d'une décennie pour métamorphoser une ville entière et pour que des routes adéquates soient construites.
Pour ce qui est du véhicule autonome, le phénomène « disruptif » va être la 5G. Elle va permettre de pallier les limitations des capteurs actuels. En fait, ce qui va réellement lancer le véhicule autonome, c'est le déploiement de la 5G. La possibilité de « voir » à l'avance un coin du carrefour va être réellement utile.
Plus tôt on obtient une information, et plus tôt on peut freiner. Et cela nous intéresse de savoir ce qui se trouve à l'angle au carrefour. Donc, tout ce qui peut traiter des données et l'envoyer au véhicule (un vélo arrivant à l'intersection, etc.) est bon à prendre.
Quels sont les avantages des véhicules autonomes ?
Ils vont permettre de rendre la ville aux habitants, générer de la liberté plutôt que de la contrainte. Étrangement, si on place un système de véhicules autonomes dans un campus, on encourage les gens à marcher. S'ils savent qu'ils peuvent revenir à n'importe quelle heure en appelant un véhicule, ils seront tentés d'aller à pied.
À quelle vitesse roulent vos véhicules autonomes ?
Pour ce qui est de nos navettes, nous roulons en centre-ville et donc à des vitesses peu élevées. Cette vitesse est constamment calculée par le système, avec un accélération maximale, positive ou négative, pour le confort des usagers. Par exemple, s'il s'agit d'un minibus avec des passagers debout, il faut prendre en compte qu'avec une accélération de 1,5 mètre/seconde2, les voyageurs commencent à perdre leur équilibre.
Si le véhicule se trouve dans une zone piétonne, le véhicule avance lentement. S'il se trouve au milieu d'un trafic, il avance à la vitesse de ce trafic. Et s'il s'agit d'une voie dédiée, rien n'empêche de rouler à 60 km/heure. Et chaque fois que le véhicule a un problème, il s'arrête. À partir de là, un superviseur peut le redémarrer.
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L'interview complète se trouve ici :
https://www.futura-sciences.com/tech/actualites/voiture-autonome-entretien-pierre-lefevre-pionnier-voiture-autonome-83343/